Changements climatiques et écosystémiques dans le Kivalliq : surveillance, préparation et adaptation

Contexte

Les changements climatiques peuvent avoir un impact sur l’accès des Inuits à la nourriture traditionnelle si les déplacements sur les rivières, les lacs et la mer deviennent plus dangereux. La chasse coûte cher et les changements climatiques viennent aggraver les dommages causés aux équipements. En conséquence, l’accès à la faune a diminué au fil des ans.

« Les aliments traditionnels sont les plus sains pour nous. Nous aimons le caribou avec du tunnuq (graisse de caribou) et le phoque gras à l’automne, et nous aimons aussi pêcher du poisson frais à tout moment de l’année. Les aliments traditionnels sont nos délices; ce sont les aliments les plus nutritifs pour nous. »

Poisey Alogut, chasseur communautaire

Les changements climatiques sont susceptibles d’avoir des effets indirects sur les gens en touchant d’abord les organismes microscopiques situés à la base des chaînes alimentaires. Ces effets s’étendent ensuite aux espèces qui servent d’aliments traditionnels aux familles. Par exemple, le recul de la glace de mer aura sans doute un impact sur les algues de glace qui constituent la base de la chaîne alimentaire soutenant la morue polaire, le phoque annelé et l’ours polaire. Toutefois, l’allongement de la saison sans glace devrait favoriser la croissance du phytoplancton et la chaîne alimentaire qui soutient le capelan, le béluga, la baleine boréale et les espèces de phoques migrateurs. Les effets des changements climatiques à l’échelle des écosystèmes pourraient perturber les gains d’énergie, la santé, la reproduction et la survie des espèces utilisées par les Inuits comme aliments traditionnels.

Voici un court film d’animation (en anglais seulement) expliquant le réseau alimentaire marin de l’Arctique et la manière dont les changements climatiques perturbent les relations entre les organismes marins. L’accent est mis sur l’impact des changements trophiques sur les mammifères marins importants pour la subsistance des communautés inuites.

Buts et objectifs

Notre premier objectif est d’élaborer une vision écosystémique de nos aliments traditionnels en tenant compte du rôle écologique des multiples espèces formant les chaînes alimentaires marines qui soutiennent les espèces servant d’aliments traditionnels. Nous fusionnons le savoir traditionnel, également appelé « Inuit Qaujimajatuqangit » ou IQ et les méthodes scientifiques pour :

  • documenter les changements dans les organismes marins microscopiques (par exemple, les algues de glace)
  • étudier comment les espèces qui servent d’aliments traditionnels (omble chevalier, phoque annelé, phoque barbu, béluga et ours polaire) utilisent différentes chaînes alimentaires
  • documenter les changements dans le régime alimentaire et l’abondance des espèces qui servent d’aliments traditionnels.

Le projet est dirigé par le Conseil de gestion de la faune de Kivalliq, et l’équipe sur le terrain est composée de chasseurs locaux d’expérience, de jeunes et d’étudiants de la communauté. ArctiConnexion offre des possibilités de formation pour le travail sur le terrain, le travail en laboratoire et l’analyse des données dans la communauté et dans les centres de recherche plus au sud.

Méthode

Nous surveillons les paramètres chimiques de l’eau (pH, salinité, oxygène dissous, température), les algues de glace, le zooplancton et les invertébrés benthiques et les poissons. De plus, nous effectuons des analyses en laboratoire, par exemple sur les isotopes stables et les acides gras, utilisant le codage à barres afin de reconstruire le réseau trophique de l’écosystème marin près de Kangiqliniq et de Tikiraqjuaq. Nous classons également les familles et les espèces de zooplancton et de benthos recueillies. Pour documenter l’Inuit Qaujimajatuqangit, nous menons des entrevues individuelles et collectives avec des aînés et des utilisateurs du territoire. Nous utilisons des cartes pour recueillir de l’information spatiale.

Possibilités et avantages

Notre priorité en tant que communauté est de s’adapter à la réalité des changements climatiques afin de maintenir l’accès à long terme à la nourriture traditionnelle. Pour ce faire, nous devons d’abord comprendre comment les changements climatiques touchent les espèces qui nous servent d’aliments traditionnels et suivre leur évolution. Par exemple, l’élaboration de scénarios sur la taille des populations à l’avenir aidera nos décideurs à planifier la récolte des espèces servant d’aliments traditionnels. Nous pensons que ces connaissances sont nécessaires pour donner aux conseils de gestion de la faune de nouveaux outils de prise de décisions.

Nous devons tenir compte des connaissances traditionnelles et des principes d’intendance de l’environnement ancrés dans l’Inuit Qaujimajatuqangit lorsque nous nous adaptons à l’évolution des espèces sauvages et de l’accès aux aliments traditionnels. Nous pensons que notre capacité d’adaptation dépend de notre aptitude à transmettre nos connaissances aux jeunes générations. Beaucoup de nos aînés et de nos chasseurs ont réussi à adapter leur chasse aux nouvelles réalités, mais les chasseurs novices plus jeunes ont besoin d’acquérir plus d’expérience, et ce projet vise à les éduquer.

Ressources

ArctiConnexion – Organisation qui soutient les communautés dans l’élaboration et la mise en œuvre de projets (en anglais seulement)